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Depuis quelques années, les services d'information multimodale et les services de réservation, paiement et billetique sont en train de fusionner dans des services intégrés baptisés "services MaaS", très bien décrits dans le blog de 15marches, par la veille de Cityway, et recensés en France par l'observatoire du MaaS que le Cerema met en place.

L'idée du MaaS est proche de celle de mobilité courante de François Ferrieux : permettre aux usagers de se déplacer de manière) fluide en utilisant à tout moment le moyen de transport le plus approprié.
La difficulté est que le paysage des services de mobilité s'est beaucoup étoffé (et qu'on a élargi notre conception de la mobilité et élevé nos exigences):

  • là où jusqu'à peu les seuls services étaient les transports publics, on ajoute:
  • la mobilité en libre service (freefloating)
  • les services partagés (autopartage, location, covoiturage)
  • les taxis et les VTC, etc.

Le MaaS implique la possibilité:

  • d'avoir une vision d'ensemble de l'offre de mobilité (information multimodale)
  • de prendre facilement les transports publics (titre unitaire) : billettique interopérable
  • d'accéder (réserver, payer) à l'ensemble des services au moyen d'un seul (abonnement) : intégration tarifaire
  • de pouvoir comparer (individuellement et collectivement) les solutions de mobilité et arbitrer ses pratiques de déplacements non seulement des offres disponibles, mais aussi pour limiter ses dépenses et son impact environnement (l'idée ultime du compte mobilité)

Les services de mobilité sont opérés par des opérateurs privés qui peuvent eux-mêmes chercher à proposer du MaaS pour répondre aux attentes de leurs clients.

La Loi d'Orientation des Mobilités adoptée en décembre 2019 (article 28) confirme le rôle des AOM (agglomérations, métropoles d'un côté, régions de l'autre) dans la mise en place de services MaaS.
Il y aura donc des MaaS publics portés par les AOM, qui pourront d'ailleurs s'appuyer tout ou partie sur des solutions privées clé en main, tant qu'elles respectent les contraintes de la loi (qui attendent d'ailleurs en partie des décrets d'application ou des ordonnances), à côté de MaaS privés portés par des opérateurs de mobilité (Uber...) ou de services d'information (Moovit...), etc.
La difficulté pour les MaaS publics est que contrairement aux MaaS privés, qui peuvent se développer s'ils répondent correctement à leurs clients qui peut très bien se limiter aux voyageurs d'affaires ou aux touristes par exemple, les MaaS publics doivent en principe s'adresser à l'ensemble de la population d'un territoire, qui a des besoins très divers. Par ailleurs, les territoires des AOM ne correspondent pas aux bassins de déplacement. La plupart des agglomérations sont trop petites, à quelques exceptions (la métropole marseillaise). A contrario, les Régions (sauf peut être l'IDF) couvrent des zones bien trop larges.

Au niveau national, l'Europe apporte une vision (et une contrainte) d'ouverture des données via des points d'accès nationaux open data dont transport.data.gouv en France. L'accès aux données qualifiées et aussi standard que possible est une condition nécessaire au MaaS, à défaut d'être suffisante

Dans ces MaaS publics, il y a des MaaS urbains, de métropoles ou les agglomérations, et des MaaS régionaux, qui feront le lien entre les métropoles et incluront les territoires ruraux.
On a déjà une assez bonne idée du contenu des MaaS urbains, puisqu'ils existent déjà dans certaines métropoles europénnes (Berlin, Munich, Vienne, Helsinki ou Mulhouse en France...), même si le niveau d'intégration est très variable d'un service à l'autre (comme le montre bien les diagrammes en étoile du Cerema).
Ces MaaS urbains impliquent, au-delà des seuls transports publics, que l'AOM doit maîtriser les autres services de mobilité. C'est par exemple l'idée de Urban Mobility d'une vision en 3 étapes pour les agglos:

  • identifier les services de mobilité à gérer (free floating etc.) et imposer un format pour chacun
  • définir sa stratégie d'achat d'une solution MaaS
  • autoriser/sélectionner (par appel d'offres) les opérateurs de mobilité

Pour le niveau régional, c'est moins clair.
A-t-on vraiment besoin du même niveau d'intégration?
Encore plus qu'en zone urbaine, il est difficile voir impossible de répondre à tous les besoins dans un seul service.
Quels sont les services / cas d'usage à développer en priorité ?
Il ne faut peut être pas se focaliser sur les seules fonctionnalités finales visibles pour l'usager, mais qui n'ont pas toutes le même niveau d'utilité, certaines fonctionnalités innovantes devant d'abord être démontrées par des retours d'expériences du terrain, et sans doute aussi développer des composants communs utilisables par plusieurs MaaS publics, de manière mutualisée.

- Besoin d'un annuaire (ouvert et coopératif) des services de mobilité
Il y a une grande diversité d'usagers, et de besoins, entre les personnes fragiles, les personnes handicapées, les navetteurs, les touristes, les scolaires, les professionnels, etc. Le marketing de la mobilité est central dans la conception du MaaS.
Le niveau zéro n'est il pas déjà un simple annuaire de services ? C'était l'idée initiale de l'annuaire des services de mobilité Passim, qui reste d'actualité comme le montre l'effort en cours de maintenir un annuaire des plates-formes de mobilté solidaire par le LMI. La réflexion des Hauts-de-France sur le MaaS inclusif est à cet égard intéressante.

- Besoin d'une articulation entre services régionaux et urbains
Le MaaS urbain doit aussi donner au minimum des informations sur les déplacements à plus longue distance, car sauf exception, une part importante des déplacements vient de l'extérieur du territoire de l'AOM.
A fortiori au niveau régional, le MaaS doit pouvoir apporter un plus aux habitants des zones moins denses pour leurs déplacements vers les zones urbaines.
Cela nécessite une coordination entre collectivités, entre MaaS, et une recherche de mutualisation au-delà des périmètres institutionnels.